La danse en Révolution. Grand Palais des Champs-Élysées, año 1989. Tamaño 30 x 24 cm. En papel ilustración, con numerosísimas fotografías a color, en su mayoría a página completa. Estado: Excelente. Cantidad de páginas: 132
A modo de celebración del Aniversario nº 200 de la Revolución Francesa se realizó una mega muestra de la más destacada danza moderna durante 3 meses en el marco del Grand Palais des Champs-Élysées. El excelente Catálogo consta de la ficha técnica de cada espectáculo presentado, un ensayo especial dedicado a cada obra y numerosas fotografías de cada puesta.
A continuación transcribimos el texto de Presentación:
«Une verriére á la mesure d’une apothéose. Celle du Grand Palais, lieu de lumiére et de fastes, accueille un des événements artistiques majeurs du Bicentenaire, la Danse en Revolution. Trois mois éblouis-sants qui réuniront les plus grandes compagnies du monde: chefs-d’oeuvre consacrés, créations… Un regard sur le passé et l’avenir d’un art millénaire, et un couronnement. 1989 ou le sacre de la danse.
II fallait un symbole, le Grand Palais en est un. Edifié au coeur de París en des temps de célébration de l’alliance franco-russe, le prestigieux vaisseau de verre et de fer renoue avec l’Histoire -celle des peuples comme celle de la danse- en accueillant cote á cote le ballet Moisseiev, l’école Vaganova de Leningrad et l’Opera de Paris. A ces retrouvailles, le XXe siécle, grand brasseur de mondes et de cultures, adjoint les feux parmi les plus brillants d’Europe et d’Amérique, Béjart, Gadès, Alvin Ailey.
Voilá plus de cinquante ans que le Grand Palais n’avait pas vibré sous les pas des danseurs. Depuis 1937, oú, lors de l’Exposition universelle, un fou volant d'»Icare», nommé Serge Lifar, déchaínait les ovations, entre tam-tams africains et rythmes de la vieille Espagne.
Lien vivant entre des traditions centenaires et les langages de la modernité, la Danse en Revolution 89 est un point d’orgue, une respiration dans l’histoire de la danse; le temps d’affirmer sa dimensión á la fois populaire et de prestige, de rendre hommage au génie des interpretes et de l’invention scénique, et de rappeler qu’elle est d’abord une féte.
Et la féte, c’est Béjart. Populaire, rigoureuse, sacrée. Farouche abolitionniste des frontiéres, épris de musiques, de religions, et de philosophies, Béjart ne pouvait qu’apporter sa pierre á la célébration de la liberté. Peu porté cependant á des commémorations et des monuments fígés, il a souhaité, pour sa création intitulée 1789… et Nous, «un ballet qui chante le futur de l’homme au-delá des racismes, des impérialismes, des mercantilismes». La ponctuation historique? Beethoven. Des extraits musicaux de la Premiére, la Septiéme, la Huitiéme, et, comme le laisse présager ce un-sept-huit, la Neuviéme, si familiére au chorégraphe. La symbolique numérique étant confiée au maitre, reste á Béjart á nourrir le ballet de sa propre sensibilité, élargie aux dimensions du monde d’aujourd’hui: á la Revolution de l’Occident doit se superposer celle d’autres races, «pour former cette unión harmonieuse qui est la compréhension de l’autre, et non sa destruction».
A cette célébration de l’espoir, de l’avénement du futur, Béjart ajoutera, pour le bonheur de son public, ses plus grands ballets – le Bolero, «une histoire de désir», L’Oiseau defeu, Le Sacre duprintemps, primitif, rituel, plein de «forcé anímale» -ainsi que deux de ses créations les plus recentes – A forcé de partir, je suis resté chez moi et Patrice Chéreau, devenu danseur, regle la rencontre de Mishima et d’Eva Perón -.
La connivence ne peut qu’exister entre un Béjart et un Moisseiev. L’un a investi les Palais des Sports au détriment des théátres á dorures, l’autre, mis tout son génie, son esprit de novation á sortir la danse, des 1937, du carcan des lustres et des tapisseries. Saisi d’étouffement par le conservatisme du Bolchoi de l’époque, Moisseiev, voyageur et homme d’émotions, chercha la danse du cote de la vie: dans les fétes de village, les danses populaires du folklore, sur les estrades des rues. Avec une compagnie qui compte une centaine de danseurs, Moisseiev, á quatre-vingt-trois ans, ne parle que richesse d’inspiration et conceptions nouvelles. De la fougue toujours, des projets encoré, et, plus que tout, rendue sur la scéne du Grand Palais, la puissance magistrale issue de cinquante années de travail acharné.
Le folklore, l’áme populaire, voilá qui aura agité bien des créateurs de ce siécle. Alvin Ailey, comme Antonio Gadès ont, chacun á leur maniere, cherché aux sources de leur peuple une expression qu’ils ont ensuite purifiée, magnifiée, réinventee. Gadès, avec le flamenco, cette danse en forme de tragédie, qui n’est qu’un pur langage de passion, de désir, de séduction. Gadès ou la rigueur primitive, l’épurement des figures: «enlever, enlever (…) pour ne plus garder que la synthése des choses». Sa Fiesta Gitane sera la quintessence d’un art capable de donner forme puré á la joie et á la douleur.
Quant á Alvin Ailey, chroniqueur de l’expérience noire, c’est en puisant dans l’exubérance, la sensualité, qu’il a ouvert la voie á de nombreuses troupes américaines; mélant, avec une force incomparable d’émotion, les tensions et torsions d’une Marina Graham et les énergies afro-américaines. Au programme de la Danse en Révolution, outre Memoria, et Rainbow.
Révélations, l’un des plus grands ballets du répertoire, véritable cérémonie empreinte de souffrance, d’amour et de religiosité. Coup de projecteur sur la danse de la fin du XXe siécle, la manifestation grandiose du Grand Palais a le souci de boucler la boucle. Pour le prestige et la grandeur de la tradition, le flambeau passe aux compagnies immortelles, le Ballet de l’Opéra de París ne pouvait done qu’élire l’une des plus belles oeuvres du répertoire classique: Le Lac des cygnes, sur une chorégraphie de Rudolf Noureev, précédé de Don Quichotte. Quel plus beau lien avec l’illustre passé de la danse que ce Lac, dont une premiére versión fut donnée au Théátre Bolchoi de Moscou en 1877, puis créée dans sa totalité dans une chorégraphie de Marius Petipa? Le superbe pas de deux entre Odette et Siegfried n’aura jamáis de fin…
Si le Ballet de l’Opéra joue la carte des ceuvres consacrées, c’est pour laisser á l’Ecole de danse le soin de tracer des voies pour l’avenir. Pas de révolution qui n’ait sa part de futur. C’est aux deux plus grandes écoles, dépositaires d’une impressionnante tradition, l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris et l’Ecole Vaganova de Leningrad (toutes deux en route vers leur tricentenaire!) que reviendra de dessiner l’esquisse d’un nouveau siécle. En les réunissant pour la premiére fois sur une méme scéne, la Danse en Révolution libérera des espoirs, mais aussi des nostalgies. L’Ecole Vaganova, devenue quasi mythique, pépinière de professeurs illustres qui ont largement influencé le cours de la danse, jusqu’en Occident, n’est-elle pas ce véritable sanctuaire où flottent l’ombre de Petipa, de Nijinski, de Diaghilev?
L’Ecole de danse française trouvera là, de son coté, la consécration due á un travail mené, depuis 1972, de main de maitre par Claude Bessy, qui a su l’orienter vers un enseignement pluridisciplinaire ouvert á toutes les formes de danse.
Désormais, dotée d’une école ultramoderne á Nanterre, elle a retrouvé une réputation internationale de premier ordre. A Concertó en re s’ajoutera pour le Grand Palais une création allégorique autour du drapeau national, Les trois couleurs.
Trois mois de danse, sept compagnies, prés d’une douzaine de programmes. Et un lieu magique. Une grande fête pour la fraternité des danseurs du monde et les droits de tous les hommes».
Claudine Legardinier